J’ai commencé la sculpture dans le but de rendre possible, au sein de nos quotidiens, l’immersion dans un bout de mon imaginaire.
Mes personnages sculptés reprennent les centaines, ou plutôt les milliers de visages que j’ai rencontrés ou simplement croisés : ils sont une sorte de compte rendu visuel de mon réel.
Une petite partie est vraie mais tout le reste est sûrement réinterprété car ma mémoire est trouée par l’oubli.
Je cherche quelque chose de narratif dans mes sculptures, une histoire que chacun peut explorer à sa manière, à travers le prisme de son vécu. Pour moi, la sculpture est un univers qui me permet de m’évader du monde dans lequel on vit et qui me semble parfois trop compliqué. J’interroge beaucoup mon rapport au corps dans mon travail. Je prends de la distance avec le jugement que je porte sur ma propre image lorsque je peux choisir celle de mes personnages.
Je pense que l’action d’enlever de la matière me procure un plaisir particulier. J’imagine souvent un panel de positions possibles dans le tronc avant de dégager l’une d’entre elle. Et ce qui est beau, c’est de penser que le personnage était là avant, coincé dans la masse et que je n’ai fait que le découvrir.